L’idée de base, assez mécaniste de Kurt Ekman, est de restaurer la mobilité tissulaire par étiration et allongement des adhérences inter-aponévrotiques ; ou de lisser d’éventuels corpuscules fibreux irritatifs, situés à diverses profondeurs, dans les plans de glissement des tissus de l’appareil locomoteur.
Pour les atteindre sans traverser la peau, il fallait pouvoir évacuer dans la courbure d’un crochet, les tissus normalement interposés entre la peau et la structure irritative, pour ne laisser idéalement, que la peau invaginée entre la spatule active du crochet et l’adhérence ou le corpuscule fibreux. De cette conception est née le nom de baptême de la méthode : Fibrolyse Diacutanée.
Fibrolyse : il s’agit de « dissoudre » des fibres adhérentes, limitant la mobilité tissulaire ;
Diacutanée : signifiant contre la peau, puisque cela se fait, sans abîmer le tissus cutané, par invagination de celle-ci, jusqu’à atteindre la structure à crocheter.
Ceci nous mène à la définition de la Fibrolyse Diacutanée : méthode de traitement des algies de l’appareil locomoteur, visant à libérer les plans de glissement inter-tissulaires de leurs adhérences et corpuscules irritatifs, par mobilisations analytiques et spécifiques des tissus au moyen de crochets appliqués contre la peau, et permettant l’invagination de celle-ci jusqu’à atteindre la structure étio-pathologique à traiter.
Dans la conception des kinésithérapeutes, la vision de la mobilité pariétale locomotrice est essentiellement articulaire. La conception, qu’une bonne
mobilité tissulaire gouverne la mobilité articulaire, passe relativement inaperçue.
Prenons l’exemple, du dressage d’une table pour un repas de fête, pour comprendre
l’importance de la mobilisation des tissus. Tant qu’il n’y a rien sur la table il est facile d’ajuster précisément la nappe, mais si on a installé sur la table un beau vase fleuri il devient impossible d’ajuster la nappe sur cette table sans lever le vase. C’est ce que
devra réaliser notre traitement de libération des plans de glissement tissulaires, lever l’ancrage provoqué par le vase pour pouvoir glisser et ajuster la nappe sur la table.
Transposé sur le plan anatomique, si l’on prend comme exemple la flexion de la jambe sur la cuisse, une bonne mobilité de l’articulation du genou n’est pas suffisante pour que le mouvement se fasse sans limitation et sans douleur. Il faut non seulement que du coté de l’étiration passive des structures, la peau puisse glisser sur la rotule, que les fascias de la cuisse puissent glisser par rapport aux tissus musculaires, que les différents chefs du quadriceps puissent se mobiliser les uns par rapport aux autres ; et que du coté de la contraction, les différents ischio-jambiers internes et externes, puissent glisser les uns par rapport aux autres ; et que dans la partie profonde
des coques condyliennes, les plissements capsulaires puissent se faire ,sans pincement de corpuscules fibreux, etc…
On voit donc que les conditions d’une bonne mobilité articulaire générale sont dépendantes dans une très large mesure de la bonne mobilité de ce que nous appellerons les plans de glissement inter-aponévrotiques ou myo-fasciaux.
De plus, si l’on se souvient que ces muscles sont bi ou poly-articulaires, il
devient évident que la mobilité de notre articulation du genou va être liée à
celle de la hanche, elle-même liée à celle de l’iliaque et de tous les plans de
glissement tissulaires intermédiaires.
C’est dans la mobilisation spécifique et analytique de ces tissus intermédiaires, vu
globalement, que réside la thérapie par le crochetage fascio-myo-neural global,
utilisant la technique de fibrolyse dia cutanée.