Indications et contre-indications de la technique

Indications :

  1. Syndromes de restriction de mobilités tissulaires, Post chirurgical, post traumatique, ou sportif…
  2. Algies inflammatoires,épicondylite ou tennis elbow, épitrochléite ou golf elbow, tendinites de l’épaule et autres PSH, tendinite d’Achille, pubalgie des adducteurs, autres tendinites….
  3. Syndromes trophiques, Maladie de Dupuytren, canal carpien et uatres syndrômes canalaires,algo-neuro-dystrophie…
  4. Névralgies diverses : occipitalgies d’Arnold, autres céphalées neurogéniques… sciatalgies, cruralgies…

Contre-indications :

  1. Le Thérapeute : nervosité, incompétence…
  2. Traitement médicamenteux : anticoagulants, neuroleptiques…
  3. Fragilité tissulaire : cutanée, circulatoire…
  4. Contexte psychologique: demande du patient
  5. Approche symptomatique directe : effet rebond, inflammation

Indications de la technique

Les indications de la fibrolyse diacutanée découlent directement de sa définition et de son origine ancrée dans la pratique thérapeutique de Kurt Ekman. Le concept au départ étant essentiellement mécanique, les indications vont-elles aussi prendre cette orientation ?  Il s’agira essentiellement d’améliorer la mobilité tissulaire, et donc tous les facteurs limitant cette mobilité sont susceptibles d’être approchés par cette méthode.  Comme déjà explicité dans l’historique, l’essentiel de la clientèle de Kurt Ekman était des patients présentant des algies de l’appareil locomoteur, dont beaucoup de sportifs.

Le domaine sportif constitue une source importante de patients, car le sport est en effet, l’occasion régulière de traumatismes ou de micro-traumatismes, induisant des ecchymoses, qui s’organisent ensuite en adhérences myo-fasciales.

On y trouve les séquelles d’entorses, d’élongations et de déchirures diverses, dont les hématomes engendrent des déficits de mobilité tissulaire se traduisant par des douleurs, ou des impotences fonctionnelles. Toutes ces séquelles peuvent se rassembler sous la dénomination d’adhérences post traumatiques et conduire à des réactions inflammatoires.

Par exemple, le claquage d’un jumeau est très souvent suivi d’un hématome qui descend dans les fascias jusqu’à la cheville entraînant des adhérences entre le tendon d’Achille et les tendons voisins, dont le tendon du fléchisseur propre du gros orteil. A l’usage, l’activité produira entre ces structures une hyper sollicitation, responsable d’une inflammation tissulaire, que nous pourrons qualifier de tendinite post-traumatique.

Un autre symptôme fréquemment traité par Kurt Ekman est l’épicondylite ou « tennis elbow ».  Sa conviction était que des micro-traumatismes entraînaient la rupture de certaines fibrilles musculaires, sous l’effet du choc.  Il s’ensuit alors, une dégénérescence de ses myofibrilles, en tissu conjonctif inélastique. On se trouve alors, en présence de « cordes de violon » dans la structure musculaire.  A l’usage, ce phénomène entraînera à nouveau une réaction inflammatoire, d’où l’épicondylite.

Cette réaction inflammatoire pourrait aussi être liée à la présence de corpuscules fibreux. En effet chez un patient dont les émonctoires ne fonctionnent pas suffisamment, il peut se produire, selon Ekman, des dépôts de cristaux dans les tissus, sous forme d’oxalate de calcium ou d’urate de calcium. Ces petits «  micro-calculs », peuvent être autant d’éléments irritants, piquant les tissus lors de la contraction.

Etant donnée ces conceptions étiologiques, on comprend aisément, que beaucoup de ces réactions tissulaires inflammatoires,  puissent répondre favorablement à la fibrolyse diacutanée. Ce serait le cas par exemple : de la péri-arthrite scapulo humérale, de la bursite trochantérienne,  de la tendinite de Quervain, de l’épitrochléite, de la tendinite du biceps fémoral, etc.…, pour autant que l’étiologie avancée soit exacte.

Par contre, l’arthrite rhumatoïde ayant d’autres origines étiologiques ne répondra pas à cette approche thérapeutique de conception mécanique, cependant elle permettra certaines améliorations symptomatiques par le biais, notamment des effets neurologiques, que nous démontrerons.

Dans les grandes indications de la fibrolyse dia cutanée on trouvera également les syndromes de restriction de mobilité tissulaires post-chirurgicaux.

En effet, tout acte chirurgical implique, quelle que soit la qualité des hémostases, un saignement tissulaire, qui se traduira lors de la cicatrisation, par des adhérences induisant plus ou moins d’impotence fonctionnelle.  Comme évoqué précédemment, l’approche kinésithérapeutique classique est souvent orientée vers, la récupération de l’amplitude purement articulaire. Une récupération parallèle de la mobilité tissulaire, par la fibrolyse diacutanée, travaillera d’avantage sur la source de la limitation de l’amplitude articulaire, et aura donc de bien meilleurs résultats.

Prenons comme exemple les ligamentoplasties, ou les transplantations musculo-tendineuses du genou.  Ces interventions nécessitent une immobilisation post-chirurgicale en vue de la cicatrisation.  Ceci retarde la mobilisation du kinésithérapeute et favorise les restrictions de mobilité dans les plans de glissement. La conséquence en est fréquemment, la nécessité de pratiquer une libération, sous forme d’une arthrolyse , qui va à nouveau provoquer de nombreux saignements inter tissulaires, vecteur de nouvelles adhérences .  La fibrolyse dia cutanée peut avantageusement, dans ces cas, se substituer à l’arthrolyse, si elle est pratiquée suffisamment tôt et en connaissance de causes.

En fait, toute intervention chirurgicale devrait être suivie , d’un traitement de fibrolyse dia cutanée, en vue d’une récupération fonctionnelle de tous les plans de glissement de l’appareil locomoteur concerné.

Kurt Ekman s’était aussi fait une renommée internationale dans le traitement des occipitalgies, des hémicrânies, et des céphalées de tension.  Des patients se plaignant de « migraine » depuis des années, voyaient leur symptomatologie disparaître après deux ou trois traitements de crochetage !  Il s’était rendu compte que cette symptomatologie semblait correspondre assez bien à sa conception étiopathologique, d’une irritation mécanique du nerf occipital d’Arnold, par des corpuscules fibreux sous-jacents. Son traitement consistait donc, tout naturellement, à crocheter la gaine fibreuse entourant le nerf et  à essayer de libérer la structure nerveuse, d’éventuelles adhérences ou corpuscules fibreux irritatifs.

Il a ensuite étendu cette approche à tous les nerfs perforants sensitifs pouvant être à l’origine de névralgies territorialisées.  Entre autres exemples très parlant, nous trouvons les douleurs postérieures de la cuisse limitées au genou, souvent appelés fausse sciatique, et qui peuvent être liées à des irritations des branches perforantes du nerf cutané postérieur de la cuisse (encore appelé nerf petit sciatique).  De même les douleurs latérales de la fesse et de la cuisse, le long du fascia lata, peuvent être liées aux perforants sensitifs des nerfs clunéi supérieurs (issus des rameaux dorsaux de D12 à L3) et trouver leur solution dans un crochetage spécifique au niveau de leur passage de l’aponévrose iliaque.

En plus de tous ces syndromes d’origines mécaniques abordés par Kurt Ekman, il nous est apparu dans notre clinique particulière que d’excellent résultats pouvaient être obtenus sur les syndromes trophiques comme par exemple l’algoneurodystrophie, la rétraction de l’aponévrose palmaire (encore appelée maladie de Dupuytren), le syndrome du canal carpien, etc.…Nous en évoquerons les raisons ultérieurement.

Contre-indications de la technique

De manière un peu provocante nous pouvons dire que la principale contre indication de la méthode se situe chez le praticien. En effet, on peut se rendre compte de toute évidence que l’instrument peut être un objet contondant sinon traumatisant.  Tout acte thérapeutique comprend de par son essence  un certain risque mais il est ici augmenté de part l’utilisation d’un instrument.  L’état d’agressivité ou de nervosité du thérapeute ainsi que son manque de doigté, est susceptible de rendre la fibrolyse extrêmement douloureuse. Pour éviter cela, une pratique extrêmement douce, calme et prudente est nécessaire pour que la méthode soit indolore et non dangereuse (rappelons que seul le travail en zone de restriction et en zone inflammatoire risque d’être sensible). D’excellentes connaissances anatomiques en particulier dans le domaine de l’anatomie topographique sont indispensables pour pouvoir identifier à la palpation les différents tissus afin de ne pas crocheter des structures vasculaires ou neurologiques. La pratique de cette méthode est à déconseiller si on n’a pas suivi une formation spécifique et de qualité. Une des erreurs fréquemment observée chez des praticiens se disant « autodidactes » est l’application directe de la technique au niveau du site symptomatique. On observe alors un effet « rebond », qui se solde par une aggravation de la symptomatologie dont on rend à tort, la technique responsable. L’origine réelle de cette aggravation est un diagnostique inadéquat qui s’attaque aux effets au lieu d’aborder les causes.   Il est donc, particulièrement important de ne jamais traiter le site du symptôme.

Du point de vue du patient, un bon état cutané est nécessaire. L’apposition du crochet métallique contre la peau implique une sollicitation importante de cette dernière.  Les états cutanés déficients ou hypotrophiques comme dans le cas des ulcères variqueux ; les peaux particulièrement diaphanes et fragiles, comme chez les seniors ; ne toléreront pas la sollicitation instrumentale et constitueront une contre-indication relative à la méthode. Cette contre indication est relative parce qu’en rapport avec l’habilité technique du praticien.  Sur le plan lymphatique, la présence de ganglions constitue également une contre indication a cette approche instrumentale.

Tout thérapeute manuel a déjà eu l’occasion de se rendre compte que certains patients présentent facilement des ecchymoses  après un massage banal, signe d’une fragilité capillaire sous-cutanée  particulière. Cette situation constitue donc également une contre indication relative à l’utilisation du crochetage puisque, comme déjà mentionné précédemment, les micro-traumatismes tissulaires peuvent-être à l’origine d’adhérences, ce qui engendrerait un cercle vicieux.

Dans ce contexte vasculaire, on comprend aussi que la prise d’anticoagulants va constituer également une contre indication relative à la méthode.

Comme dans toute approche thérapeutique la connaissance des limites de l’approche est importante.  Dans ce contexte, le feed-back que le thérapeute reçoit de son patient est nécessaire pour évaluer son action thérapeutique. Il est déconseillé de crocheter un patient qui a perdu la sensibilité douloureuse dans le territoire traité, les hypoesthésies et les hyperesthésies sont également des contre indications relatives à la méthode.

D’autre part la perception de la douleur est relative et donc, très variable d’un patient à l’autre.

La psychologie du patient est un facteur important tant dans l’indication que dans la contre indication relative de la méthode.  Il faut qu’il y ait rencontre entre la demande du patient et la proposition thérapeutique.  Par exemple un patient qui souhaite inconsciemment « être materné » ne répondra pas favorablement à la proposition d’une approche instrumentale, alors qu’un patient qui souhaite reprendre son activité physique le plus rapidement possible verra d’un très bon œil une proposition thérapeutique qui, comme la fibrolyse diacutanée, donne des résultats immédiats.

A propos des enfants, il n’est pas contre indiqué de pratiquer le crochetage chez les tous jeunes, cependant il faut garder à l’esprit qu’en général, ils présentent un contexte tissulaire hyper-mobile et souple et que par conséquent la fibrolyse n’est pas une bonne indication sauf cas particulier.